A quel point un robot doit-il ressembler à un humain ?

Interface Homme-Robot : La théorie de « La vallée de l’étrange » (Uncanny Valley)

Si l’on s’intéresse à la robotique, on a déjà entendu parler de la courbe de « La vallée de l’étrange » ou « La vallée dérangeante ». Traduit du terme « Uncanny Valley », uncanny étant la traduction anglaise du terme freudien de unheimlich,  qui peut être traduit en français par « inquiétante étrangeté »

La théorie de « Uncanny Valley », est énoncée dans les années 1970 par le roboticien Masahiro MoriCette notion correspond à la partie base d’une courbe d’analyse de réponse émotionnelle à l’anthropomorphisme des robots. C’est-à-dire, la réponse émotionnelle en fonction du degré de ressemblance du robot à l’humain.

Cette « Vallée de l’étrange » est  la zone de perception négative ressentie par un observateur humain face à un robot humanoïde. Cette courbe montre qu’il n’y a pas de juste milieu, soit le robot ressemble parfaitement à un humain, soit il ressemble à un robot. Mais un ressentie négatif intervient lorsque le robot ressemble « mal » à un humain, il devient effrayant, classer dans la catégorie des cadavres ou zombies, il déclenche des réflexes de méfiance voir de malaise. Comme le montre cette courbe, une fois passé cette « Vallée de l’étrange », le taux d’acceptation augmente à nouveau. C’est une zone à franchir pour qu’un robot humanoïde à l’apparence humaine soit accepté.

David Hanson, critique cette théorie en prouvant que le contexte de la personne qui juge le robot doit être également pris en compte.

L’empathie par la ressemblance mais pas que…

Le psychologue Gunnar Johansson démontre qu’il n’y a pas que l’apparence qui suscite de l’empathie, mais qu’il existe également une empathie du mouvement. Il a montré que le cerveau était en mesure de reconnaître l’origine biologique ou non d’un mouvement à partir de quelques indices visuels dynamiques. Cette capacité est liée à l’activité d’une zone spécifique du cortex temporal. Autrement dit, même si un robot ne ressemble pas à un humain mais qu’il adopte le comportement d’un humain, cela déclenche de l’empathie.  Un exemple qui illustre parfaitement ce propos, c’est l’indignation que certains ont pu ressentir en regardant la vidéo d’Atlas, le robot de Boston Dynamics, en train de se faire « botter les fesses » lors d’un essai. Pourtant, ces mêmes personnes n’éprouvent aucune empathie lorsqu’ils frappent leur ordinateur ou leur cafetière qui ne fonctionnent pas correctement.

L’être humain a donc cette capacité, profondément ancrée, à éprouver de l’empathie envers tout ce qui ressemble ou adopte un comportement proche de l’humain. Que ce soit par l’apparence et/ou le mouvement. Mais attention, si l’on empiète dans la « Vallée de l’étrange », l’empathie laisse place à la crainte voir au malaise.


Ressources:

Le journal du CNRS : Petit détour par la vallée de l’étrange

Livre : « Viva la robolution » Bruno Bonnell, J-C Lattès | mai 2010

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